Sable

Sultanat. Début de l’après midi

La pièce d’ivoire d’Omar glissa silencieusement sur la surface laquée et s’empara de la position convoitée.

Huseym al Mulk leva un sourcil blanc puis s’empara de son gobelet de thé glacé.

Le soleil de Bourak écrasait le sol d’un blanc éblouissant, renvoyé avec force par le sable fin qui entourait la petite ville à perte de vue.

Omar se détendit imperceptiblement et se mit à observer le ballet des robots nettoyeurs qui glissaient sur les dalles de grès directement importées des carrières de Cordoue sur Terre.

Il s’étira en baillant silencieusement, amusé par l’irritation que son comportement suscitait chez son vénérable ainé. Il était arrivé au point où Huseym lui répondrait sans fioritures pour pouvoir s’absorber tranquillement dans sa réflexion.

"- et comment ca se passe sur Horizon Rouge ? Il serait regrettable que l’on trouve nos protocoles en remontant les noeuds ADN."

Les yeux du Docteur Al Mulk étaient concentrés sur le roque prévisible avec son cavalier pendant qu’il parlait.

- nos agents indiquent que l’épidémie est sous contrôle. Les travaux de l’Empire du Milieu semblent avoir portés leurs fruits et leur R&D nous talonne désormais, ce qui ne manque pas de préoccuper le Sultanat.

Mat en 7 coups pensa Omar, peut être 9.

Al Mulk semblait hésiter mais ce n’était pas à cause de la technique établie sur le plateau par l’Hassassin.

- a-t-on des nouvelles du Docteur de Beaumont ?

- non. répondit Omar. L’expédition Ariadnaise semble avoir été anéantie sur Horizon Rouge. Aucun signe de survivants dans la zone infectée.

Omar, conscient du trouble du meilleur généticien de Bourak, osa une dernière question.

- il me semblait que le Docteur Moïra de Beaumont était une de vos anciennes étudiantes ? On dit que vous étiez très proches…

Le Cheik glissait lentement vers sa destinée finale mais les yeux d’Huseym semblaient se fixer sur une autre image. Avec un soupir il se redressa et regarda vers les dunes de sable. Puis, après un long silence il dit :

« Cette roue sous laquelle nous tournons.
Est pareille à une lanterne magique.
Le soleil est la lampe, le monde l’écran.
Nous sommes les images qui passent. »