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Alexander

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Message par El Commandante Mar 11 Sep 2012 - 23:27

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Et une belle journée qui commence.

Le sergent Hicks tira une longue bouffée de son cigare.
Il la garda un temps dans ses poumons, l'expira puis il cracha un long jet de salive noirâtre sur le synthobéton de l'immense complexe d'entraînement de Fort San Felicia.
Il se tenait sur un rectangle couvert, d'un kilomètre sur cinq, où des centaines de millions avaient été investis dans des batterie d'équipements d'exercices, dans des simulateurs holographiques et de réalité augmentée, dans des terrains de manoeuvres pour les fantassins, les soldats lourds et les T.A.G.
Ici, on tirait, on s'affrontait au couteau et à la vibrolame, ça sentait l'ozone, la cordite, le liquide électrolubrifiant et la pierre froide. Ca sentait la force, la puissance.
C'est ça l'odeur de la PanOcéanie.
Et au milieu du vacarme des cavaleries blindées, du staccato des fusil-combi ALG 214,7, des cris et des ordres, il y avait eux.
Des nouveaux. Des recrues. Des cadets. Des bleus.

Ils étaient vingt. Tous l'air de cons dans leurs treillis, avec pour certains des bottes trop grandes, pour d'autres des manches trop longues.
"Et vive les tailles standard, grommela Hicks avant de faire un pas devant ses nouveaux petits protégés.
Tous des gamins d'à peine plus de dix-huit ans, garçons et filles, et pas un seul ayant l'air d'avoir inventé la poudre.
Hicks prit une grande inspiration et, tout en gardant son cigare vissé au coin de sa bouche, s'adressa aux derniers engagés dans les Fusiliers PanOcéaniens.
"Mesdemoiselles, messieurs, bienvenue au complexe d'entrainement de Fort San Felicia. Désormais, San Félicia sera un nom qui sonnera comme celui de votre mère, un nom qui vous évoquera une renaissance, une transformation : celle qui vous fera passer de citoyen de PanOcéanie en glorieux Fusiliers. Etes-vous fiers?
Il obtint un léger amas de borborygmes qui couvrirent à peine le vacarme ambiant, substrat mou de ceux qui avait vaguement écouté, de ceux qui étaient trop timides pour parler haut et fort et de ceux qui n'avaient rien compris mais qui répondaient machinalement.
Très bien mes agneaux, on va passer une vitesse.
"Parfait! Alors on va commencer par une première leçon, cadets, dit Hicks d'une voix forte tout en déployant une longue neuro-matraque. Lorsqu'on me répond, on met ce qui vous sert de couilles sur la table et on parle de manière à ce que mes prothèses auriculaires captent bien l'information!
Hicks ne récolta que des regards étonnés et inquiets à la vue de l'engin électrique.
Ah! Ces jeunes...
Sans rien ajouter, il pris un des cadets par le col, un gringalet minuscule, et lui administra un violent coup de neuro-matraque dans l'estomac. Le clac! de la décharge sonna comme un coup de feu.
Le jeune homme s'effondra en hoquetant sur le synthobéton et se recroquevilla en position foetale.
"ETES-VOUS FIERS?!, hurla Hicks.
Tous, sauf celui à ses pieds, répondirent un tas de "Oui!", de "Oui, monsieur!" et même un ou deux "Oui, capitaine!"
Capitaine? Bande de trou du cul...Allez, commençons la chanson...
"Voilà qui est presque mieux, répondit le sergent Hicks en se délectant des regards terrifiés de ses recrues.
"Mais ce n'est carrément pas assez selon mes standards de qualités, reprit-il en hurlant et en balançant un grand coup de botte dans les côtes du bleu qui essayait de se relever. Je suis le sergent-instructeur Hicks! Lorsqu'on me répond, on dit "Oui, sergent!", fort et clair! Pendant six mois, je serai votre cauchemar, votre ennemi et je serai celui qui vous détruira si vous ne répondez pas assez vite, si vous n'obéissez pas assez bien ou si vous êtes trop minables pour endosser le noble uniforme des Fusiliers! Vous serez mes putes et je serais votre mac. Je vais être tellement dégueulasse avec vous que les rares qui arriveront au bout de cette période d'instruction pisseront dans leurs frocs de rire face aux saloperies qu'ils rencontreront sur le champ de bataille. Et croyez-moi sur parole...il y a un paquet d'horreurs qui attendent le Fusilier pour sa première affectation!
Hicks, qui avait pendant tout son discours, fait des aller et retour devant le rang de conscrit, s'arrêta devant un cadet au visage criblé de tache de son.
"Est-ce que c'est compris?
Les dix-neuf répondirent en choeur "OUI, SERGENT!"
"Parfait! Alors on va commencer par un petit décrassage. Une longueur de terrain, au petit trot! Je suis derrière vous, tas de fils d'antipodes! Celui qui n'ira pas assez vite tâtera de Monsieur Pedro, dit Hicks en souriant de toute ses plasto-dents et en agitant légérement sa matraque.
"Allez, en avant!
Tandis que la petite troupe se mettait à courir, Hicks jeta un regard de dégoût au nabot qui pleurnichait et bavait sur le sol. Il souffla une fumée de cigare âcre et se tourna vers un groupe de soldat portant des brassards blancs, se tenant non loin de lui.
"Infirmiers!, hurla-t-il.

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Voilà, fin de la première journée.
Les nouvelles recrues se trainaient vers la sortie du terrain d'entraînement. Certains sanglotaient et étaient soutenus par leurs camarades. La plupart se massaient des parties de leurs corps qui avaient été malmenés pendant le premier cours de close-combat. Tous étaient épuisés.
Hicks les regardait défiler devant lui.
"A demain, jeunes gens, dit-il, sourire et cigare aux lèvres. On attaquera les choses sérieuses.
Un pas lourd, mêlé d'un concert de légers cliquetis métalliques et chuitements de moteurs hydrauliques fit retourner le sergent-instructeur.
Un grand T.A.G gris sombre s'approchait de lui. Un modèle Squale. Quatre mètres pour moins de deux tonnes.
Rapide, maniable, mortel.
A ses côté marchait une jeune femme brune, plutôt petite. Le T.A.G semblait imiter tout ses mouvements.
"Alors Hicks, combien cette fois-ci?, demanda-t-elle en regardant les cadets s'éloigner.
Hicks tira sur son cigare et sembla réfléchir.
"Hmmm...quatre. Un nez cassé, un tibia fracturé, une mâchoire démise et un beau nervous breakdown. Ils sont plus solides que je ne le croyais.
"Tu aimes ça, hein?, dit la jeune femme en posant ses poings sur ses larges hanches. La machine humanoïde fit de même.
"Même pas, Doro, même pas. Mais faut que ça tienne face aux jupettes highlanders, non? Tu as su ce qui s'était passé sur Paradiso?
"Ouais, répondit Dorothée Salvaçion. La réplique de l'état-major va être fulgurante.
"Et on va avoir besoin de bras solides pour aller mater les incursions. Et ces machins là ne pourront jamais remplacer un bon vieil humain avec du plomb dans la tête et dans le chargeur, répondit Hicks en désignant le robot de combat. On doit les endurcir. C'est leur rendre service que de les démolir un peu.
"Mmmouais, murmura la pilote en haussant un sourcil. Au fait, je suis venu te dire que le Vieux voulait te voir. Genre, maintenant.
Hicks soupira et se dirigea vers les bureaux des officiers.
Eh allez donc. Qu'est-ce que j'ai encore fait, bordel?



"Je vous ai observé, Hicks. Je vous ai vu vous occuper des cadets. Eteignez-votre cigare.
Le colonel Hibanez était un grand homme maigre à la peau sombre et au nez crochu. Ses ancêtres parés de plumes ont arraché des coeurs au sommet des pyramides mexicaines sur la vieille Terre, disait-on.
"Il y a un souci, colonel?, demanda Hicks en écrasant son mégot dans le cendrier en pierre volcanique.
"Oui, sergent. Et un de taille. Vous avez malmené le petit Alexander Ahopatehanetoa, m'a-t-on dit?
"Qui ça?
"Alexander Ahopatehanetoa. Renseignez-vous sur les bleus qui vous sont confié, à l'avenir.
Hicks resta interdit.
"Un gamin rachitique qui...
"Aaaah lui!? s'exclama Hicks en se redressant sur sa chaise. Je lui donne une semaine. Je sais pas quel est le peigne-cul de recruteur qui l'a admis chez nous, mais il ne sera jamais Fusilier, mon colonel, vous pouvez en être sûr.
"Ah? Je vous écoute.
"Trop faible, de physique comme de caractère. Aucune endurance, a peur de tout, des gens, de son ombre, du fusil-combi qu'il porte. Ce genre de connard peut faire foirer une opération à lui tout seul rien que parcequ'il aura trop peur d'agir sur le terrain, monsieur.
Le colonel Hibanez fixa Hicks un moment, soupira, puis reprit :
"Il faudra bien qu'il devienne Fusilier pourtant, sergent. Ordre d'en haut. On lui fiche la paix pendant ces six mois, on ferme les yeux sur son incompétence et on lui donne l'uniforme à la fin.
Hicks resta bouche bée.
"Comprenez sergent. Il est le fils de Raul Ahopatehanetoa, du Consortium Sagittarius.
"Fils de....?
"En effet. Fils d'un des hommes qui tiennent les parties de certains de nos généraux les plus gradés. Il veut que son fiston fasse ses classes et servent la PanOcéanie. C'est bon pour l'image, comprenez-vous?
"Et je dois jouer la nounou pour ce résidus de fausse couche? Plutôt me faire mettre par un T.A.G, bordel de...
"Sergent, s'exclama Hibanez d'une voix forte. Vous ne comprenez pas, j'ai l'impression. C'est un ordre. Un foutu ordre. Je ne l'approuve pas mais comme vous, j'ai le devoir de sourire et de la fermer.
"Mais, mais...on ne peut pas en faire un Fusilier, mon colonel, c'est impossible! Rien que pour ses camarades! Ils n'ont pas de temps à perdre à traîner un boulet pareil! On ne peut pas...je ne sais pas moi...le faire entrer à l'Académie? En faire un pilote de Cavalerie Blindée?
"Déjà essayé, figurez-vous. Il est trop chétif. Trop nerveux. Il ne supportera pas les implants spinaux. Croyez-moi, faites ce que je vous dis. Foutez-lui la paix. Dispensez-le autant que vous le voulez, envoyez-le à l'infirmerie dès qu'il éternue mais qu'il n'aille pas se plaindre à son père. Il faudra déjà qu'on s'excuse en rampant aux pieds du père parceque vous avez fait ramper le fils aux vôtres.
Hibanez se leva, signifiant que l'entretien était terminé.
"Allez, Hicks. Faites-le. Pour vous, pour moi, pour Fort San Felicia.
"P....Bon sang, je voudrais pas être à la place du pauvre type qui va récolter cette larve sous son commandement, grommella Hicks en saluant.
Puis, il sortit du bureau en se retenant de claquer la porte.

"Oui, moi non plus, sergent. Moi non plus, murmura le colonel Hibanez en se rasseyant et en se massant les tempes.

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