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Ho Chapitre 4

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Message par El Commandante Jeu 7 Juin 2012 - 23:43

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Bon. Visiblement on était tombé sur du lourd. Du très lourd. Une poule de luxe et un yup s'étaient fait salement dessouder pour ce morceau de papier. Un morceau de papier qui contenait une musique que Ho n'était pas sûr d'apprécier.

Le privé avait traversé une vitre (sacré bon dieu merci, c'était du verre traditionnel et pas du secuglass pare-balle...) et deux murs de plâtre avant de finir sa course dans l'appartement d'un adepte taoïste.
Ce dernier avait (disait-il) prévu son arrivée dans une séance de yi-king. Séance manifestement complétée avec du mauvais saké et quelques doses de 108Heavens©, vu la petitesse de ses pupilles.
Ho s'était excusé pour les murs et la vitre et avait filé sans demander son reste. Le résident était de toute façon trop défoncé pour demander quelconques réparations.

Vache! Ca commençait à tourner.
L'avantage du Neurachem, c'est que vous voyez tout au ralenti. Sur une mission dans les ruines de Los Adiamentes, il avait vu le capitaine Eshigoya éviter une dizaine de balles vidées par un highlander quasi a bout portant.
Ho avait pu calculer l'angle de sa chute et se rouler en boule pour amortir et accompagner son atterrissage.
L'inconvénient, mis à part les migraines atroces et les délires hallucinatoires, c'est que le Neurachem avait tendance à vous faire croire que vous êtes invincible. Alors que vous ne l'êtes pas. Du tout.
Et Ho souffrait le martyr en sortant de l'immeuble du district 786.
Il devait avoir une épaule démise, des côtes cassés et il avait un goût métallique au fond de la gorge.
Il boita quelques mètres sur un trottoir mouillé de pluie et éclairé par un bouquet d'enseignes néon.
Il fouilla dans la poche intérieure de son trench-coat recouvert de poussières blanchâtres et sorti son padcom.
"Appel urgence. Baldassari Ahmed. Envoyer position.", grogna le privé dans le micro.
Puis il ne put réprimer une quinte de toux. La douleur fulgurante dans la poitrine lui fit perdre connaissance.
Putain, pourvu qu'Ahmed me trouve le premier, songea Ho avant de sombrer. On perdait si facilement ses organes, ces temps-ci.

Quelques notes. Des cuivres, des violons. La numéro sept. Pluie. Sang. Les claquements d'une arme automatique. Ca commence doucement. La numéro sept commence doucement.

Ho s'éveilla avec une puissante odeur de formol dans les narines. Et une lumière crue qui lui fit mal à son oeil droit. Le gauche ne fonctionnait pl....quoi?!
Ho se redressa brusquement sur une espèce de lit de camp. La nausée afflua tout de suite comme une marée montante.
"Holà, holà, mon vieux, détends-toi, fit une voix grave derrière lui.
Ahmed Baldassari. En tablier blanc recouvert de sang, les mains gantées chirurgicalement.
-On est où là?, demanda Ho
-Dans mon sous-sol. C'est pas là où tu voulais aller? Oh, et non, navré de te décevoir, je n'ai pris aucun de tes reins."
Ho cessa de se tâter le creux du dos. C'est vrai, il était intact. Vraiment, on doute des gens, de nos jours.
"Désolé, Ahmed. J'avais peur que des charognards me trouvent avant toi.
-Oui, je suis étonné de t'avoir trouvé entier, surtout après le numéro que tu as produit cette nuit."
Ahmed se saisit d'une tablette-holo qu'il brancha et manipula un moment. Puis il la tendit à son patient.
L'image était tremblotante, de mauvaise qualité mais on reconnaissait bien Ho, sautant du métro en marche, chutant et disparaissant entre les immeubles.
"C'est sur tout le réseau Trans-Guohang 6. On devrait interdire la vente des dronecams aux particuliers. C'est une insulte à l'intimité et à l'incognito. En tout les cas, jolie cascade."

Le sous-sol d'Ahmed. Ahmed le Docteur. Haqqislamite. Bosse pour le Yakusa, pour les Triades. Soupçonné de trafic d'organes. Ahmed avait toujours nié. Mais c'est quand même merveilleux de se réveiller chez lui en un seul morceau. Bref.
Ahmed enleva ses gants et s'essuya son crâne chauve avec un vieux mouchoir.
"Te voilà sur pied, Goddfrey. Vas-y doucement quand même. Tu avais trois côtes cassées et le fémur droit fêlé. Et il a fallu une belle dialyse pour te purger de la saloperie dont tu étais chargé.
-Il m'a fallu bien ça pour échapper à ces connards. Et mon oeil?
-L'anesthésie. La connexion neurale va se rétablir dans cinq ou dix minutes.
Ahmed contempla Ho d'un air circonspect.
"Tu me racontes?
-Un boulot de Staniak. Du trafic d'organe. Ou du moins, un truc qui en a l'air. Un victime charcutée, colonne vertébrale arrachée, cervelle sucée comme le lait d'une noix de coco. Entretemps, j'ai eu un ou deux accrochages avec des....mélomanes.
-Pardon?
Ho lui désigna l'une des poches de son manteau. Ahmed en tira la partition de musique.
"Examine-la de près, lui ordonna Ho.
Le médecin pris sur une table une paire de macroscope et les mit sur son long nez aquilin. Puis, il inspecta la partition dans un silence religieux, troublé par les bourdonnements saccadés des servomoteurs de mise au point.
Il émit soudain une exclamation en neo-summérien.
"Qu'est-ce que tu vois?
Ahmed enleva les optiques, dévoilant au privé un regard incrédule.
"Ho, qu'est-ce que tu as foutu?!
-Le bordel, je crois. C'est ce que mes amateurs de solfège devaient chercher chez la pute. Tu sais ce que c'est?
-Non, justement!, répondit Ahmed dans un souffle. Je veux dire, j'ai l'habitude de travailler sur de l'électronique de pointe mais ça....ça!, c'est incroyablement chiadé! Je ne comprends rien aux schémas structurels des circuits! Il y a des patterns que je ne connais même pas!"

Merde. Si Ahmed lui-même ne pouvait pas lire les puces...Dans quoi s'était-il fourré?
Ho sortit de chez Ahmed par un passage menant à un squat, deux blocs plus loin. La sortie des clients qui ne voulaient pas qu'on s'intéresse trop à eux.

Le chirurgien clandestin lui avait fourni une piste sur le meurtre de Klim.
La description du corps et des blessures correspondait assez avec celle de pauvres camés, retrouvés dans le même triste état en plein ghetto khmer, il y a deux ou trois semaines.
Et le nom d'un ganger revenait souvent : Razor Shingen. Ahmed avait conseillé au privé de fureter là-bas. Discrètement, bien sûr, s'il ne voulait pas finir sans colonne vertébrale.
Razor Shingen. Le ghetto khmer. Un endroit rêvé pour y mourir et disparaître totalement. Un endroit où la police n'entrait même plus, si ce n'est avec les TAG anti-émeute.
Un nouveau décor et un nouveau musicien pour cette petite partition qui promettait de donner une belle symphonie.
Tiens! L'oeil gauche du privé venait de se rallumer. Image parasitée et défilante. Stabilisation. La couleur revint trois secondes après.
Une pluis drue et huileuse se mit à tomber sur la ville. Le tonnerre gronda, loin au-dessus des tours.
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